Katia Desmonts, infirmière en pratique avancée, raconte sa difficulté pour réussir à s’installer après l’obtention de son diplôme, il y a trois ans. Un métier clef pour pallier le manque de médecins, mais qui se heurte aux résistances estime la sénatrice Véronique Guillotin invitée de l’émission Dialogue Citoyen.
Renouveler les ordonnances, adapter les doses, réaliser des examens cliniques, effectuer le suivi des patients sous la coordination du médecin traitant … A Cherbourg, dans la Manche, Katia Desmonts présente les multiples tâches dont elle s’occupe au quotidien en tant qu’infirmière en pratique avancée. Un métier nouveau, aux compétences élargies à la frontière entre praticien et profession paramédicale, qui permet d’alléger la charge de travail des généralistes. « Depuis que je me suis associée avec ma collègue médecin, nous avons reçu plus de 300 patients supplémentaires », témoigne Katia. Sur le plateau de l’émission Dialogue Citoyen, les sénateurs abondent, et présentent cette profession, dont la formation a été créée en 2018, comme l’une des solutions pour pallier le manque de médecins dans les déserts médicaux.
Des profils encore rares
Des infirmières indispensables mais qui restent relativement rares. Comme dans le cas de Clélia, jeune patiente atteinte de diabète, qui habite un département touché par les déserts médicaux et pour qui le recours aux infirmières IPA pourrait faciliter la prise en charge. « Vous pourriez être pris en charge par une IPA » lui suggère le sénateur socialiste de Paris et médecin Bernard Jomier. Une possibilité envisagée par la jeune femme, avant d’être écartée car, confirme-t-elle : « je pense qu’il n’en existe aucune dans mon département. » Car si ce métier permet de faire dégager beaucoup de temps médical, il reste peu attractif. En cause tout d’abord, le coût et l’investissement nécessaire aux deux ans de formation, difficilement conciliables avec une activité professionnelle. Mais surtout, la réticence des praticiens.
L’exercice d’une IPA ne peut se faire sans une collaboration étroite avec un médecin, et nombre d’entre eux se méfient de ce nouveau statut. « Trouver un praticien avec qui travailler est la plus grande difficulté. J’en ai fait l’expérience », souligne Katia Desmonts. « Il y a trois ans, après ma formation, j’ai sollicité tous les médecins aux alentours. Il n’y en a qu’une qui a accepté de s’installer avec moi. » Pour la sénatrice RDSE de Meurthe-et-Moselle, Véronique Guillotin « il y a encore des réticences, une méconnaissance de ce métier tout neuf. Il faut accélérer cette connaissance auprès des médecins. » Une question aussi de générations ? « Je crois que les nouveaux praticiens feront confiance aux IPA. En tout cas c’est une piste essentielle, et nous devons politiquement lever ces freins-là, » s’engage-t-elle.