Santé : le gouvernement promet plus d'autonomie aux infirmiers


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Cet article a été publié le 18/04/2024 par Brigitte Femenia et a été consulté 286 fois.

  • Fonction : Infirmier(e)

Le ministre délégué en charge de la Santé, Frédéric Valletoux, est favorable à la création d'une consultation en soins infirmiers et à l'ouverture d'un droit à certaines prescriptions. Des déclarations plutôt bien accueillies chez les infirmiers.

Le gouvernement tend la main aux infirmiers. Considérant que leur métier doit être « mieux reconnu », le ministre délégué en charge de la Santé Frédéric Valletoux , a promis d'élargir leur champ d'action pour leur donner une « autonomie supplémentaire ».

« Les infirmiers doivent pouvoir assurer le suivi de maladies chroniques, par exemple un diabète, prolonger des ordonnances… », a détaillé le ministre, dans un entretien à « La Tribune dimanche ». Après que des infirmiers sont descendus dans la rue ces dernières semaines, il s'agit pour l'exécutif de répondre au « malaise de la profession », mais aussi « d'améliorer l'accès aux soins » des Français dans les déserts médicaux.

Accompagner les diabétiques

Cette intervention a été plutôt bien accueillie par les représentants des infirmiers. L'Ordre des infirmiers a salué une « étape historique » pour la profession. « C'est un signe politique positif », estime le représentant du syndicat FNI Daniel Guillerm. Le syndicat SNIIL, plus mitigé, a évoqué des « avancées ». Sur le réseau X le collectif « Infirmiers libéraux en colère » a, de son côté, remercié le ministre de « faire avancer [la] profession ».

Déjà l'an dernier, l'exécutif avait promis de « refonder » le métier et la formation d'infirmier encadré par un décret vieux de vingt ans. Un an et deux changements de ministres de la Santé après, les contours de ce chantier sont encore flous mais Frédéric Valletoux a précisé dimanche qu'il comptait passer par la loi pour « créer la consultation en soins infirmiers et […] ouvrir un droit à certaines prescriptions ».

Le fait qu'un infirmier puisse être payé pour une consultation - sur le modèle de ce qui est fait pour les médecins - et pas seulement pour un acte, fait partie des revendications des syndicats de libéraux. L'infirmier pourrait par exemple être rémunéré pour le temps qu'il prend à expliquer à un patient diabétique comment gérer son traitement, plaide John Pinte du syndicat SNIIL. Le FNI aimerait de son côté que les infirmiers soient payés pour faire le point avec le patient en vue d'un vaccin et non pas seulement pour l'injection.

Prescrire des examens

Autre point de satisfaction pour les infirmiers : le gouvernement se montre favorable à un élargissement des possibilités de prescriptions. Depuis l'an dernier, les infirmiers peuvent prescrire des vaccins et les infirmiers les plus diplômés (infirmiers en pratique avancée) doivent aussi voir leur champ d'action élargi en matière de prescription.

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Les syndicats veulent aller plus loin. « On demande de pouvoir prescrire des examens, par exemple pour les patients diabétiques », indique John Pinte, du syndicat SNIIL. Celui-ci plaide aussi pour que les infirmiers puissent renouveler les prescriptions de soins infirmiers afin de « ne pas courir après les prescriptions [des médecins] ».

Sujet sensible

Les syndicats pressent cependant l'exécutif de passer rapidement des déclarations aux actes et de détailler sa copie. Sachant que les évolutions en matière de prescription et de consultation ne devraient pas manquer de faire réagir les syndicats de médecins, avec lesquels les relations avec l'exécutif sont aujourd'hui tendues. Toujours sensibles à ces questions, nombre de médecins libéraux sont souvent méfiants, voire rétifs vis-à-vis de la volonté affichée par l'exécutif et sa majorité de déléguer davantage de tâches aux « paramédicaux ».

Les syndicats regrettent aussi l'absence d'engagement précis sur une hausse de leur rémunération. Le ministre se contente de déclarer qu'une négociation « pourra s'ouvrir » avec l'Assurance Maladie « avant la fin de l'année » pour déterminer comment seront rémunérées les nouvelles compétences. Il y a quelques jours, l'Assurance Maladie a d'ores et déjà fait en geste en faveur des professionnels libéraux en promettant de clarifier ses règles de facturation et de rémunération pour le suivi des patients dépendants.

Solenn Poullennec